Bianca Valence, si on m’avait dit un jour que j’la reverrais, j’aurais sûrement ri, mais merde, c’pas des blagues. En plus, elle est devenue foutrement plus sexy qu’avant. Par avant, j’veux dire le temps où j’traînais encore avec son grand frère et que j’allais chez elle tout le temps, même dormir. Et j’me souviens encore de la première nuit qu’on a passé ensemble. Une chance que son frère est pas au courant, j’me serais littéralement fait tué. J’aurais pas apprécié, sérieux. Elle était belle, jeune, et elle voulait que ce soit moi l’premier, j’allais pas refuser. Un coup parmi tant d’autres, j’crois… Bianca est une fille de caractère, jamais vu quelqu’un comme elle. Elle sait c’qu’elle veut, elle sait ce qu’elle fait. Peut-être la femme parfaite aujourd’hui, mais j’m’en soucie pas vraiment. En ce moment, j’essaie pas trouver l’amour, c’est bien trop compliqué. J’sais même pas si j’vais arriver à m’engager, c’pas moi qui vais chercher l’amour. Si j’ai l’malheur de tomber amoureux, j’vais devoir me battre avec mes émotions pour pas qu’elles prennent le dessus. J’déteste ça. Je l’ai déjà été, pourtant, et merde, pire expérience qui m’soit jamais arrivé. C’est moi qui vous l’dis. Trouver la fille au lit avec un d’ses amis, quand la fille sait que je l’aime, putain. Je l’aimais, et je lui ai dit, et j’avais jamais dit ça à personne, parce que ma mère me l’avait jamais dit, et que fuck, j’avais personne pour me le dire de toute façon. Bref, j’lui ai donné mon cœur, elle l’a piétiné. J’ai compris comment le système des filles marchait. Elles veulent se faire désirer et nous font chier après, c’est bon, j’ai noté. Ça m’arrivera pas de si tôt.

Bref, c’pas tout, mais j’dois sortir, et trouver un truc à faire de ma journée, en attendant ce soir. J’pourrais aller voir Avalon, mais ça servirait à rien, parce que j’ai pas envie de me disputer pour un oui et pour un non. Quoi qu’elle me donne beaucoup plus que ça après nos disputes. Cette blonde est explosive, c’est le cas d’le dire. J’me plains jamais avec elle, et y’a aucun sentiment amoureux qui nous lie, d’où la meilleure partie de notre relation. Amitié. Je sais pas, pas envie d’me casser la tête à chercher non plus. Bon, j’me prépare maintenant, douche, rasage – si j’ai l’temps, ma barbe est vieille de 3 jours – et nourriture. C’fait. J’suis prêt en un rien de temps, j’porte des vieux jeans et un chandail blanc. J’ai l’air potable pour sortir, donc j’le fais. J’dois m’trouver un putain d’travail, sinon j’aurais pas de revenus, et j’en ai besoin parce que l’univ va pas s’payer toute seule. Et c’pas ma mère, ni même mon père qui va m’aider à tout payer.

Le plus étonnant dans tout ça, c’est qu’elle a essayé. Elle a essayé de m’aider, et j’ai refusé son aide, parce qu’elle sert à que dalle, sinon m’enfoncer et m’faire la détester plus que j’la déteste déjà. Et vu que mon père connaît pas mon existence – ou presque – bah, ce serait pas très intelligent d’aller le voir et réclamer de l’argent pour une putain de pension alimentaire en retard de quoi… 23 ans. Quelle merde, cette vie, sérieux. J’en ai ma putain de claque, et j’suis bien content d’avoir tout foutu derrière moi. J’suis ici pour oublier, j’tiens pas à me faire rappeler les trucs du passé, j’en ai vraiment pas envie. J’veux être capable de tourner la page, et de me dire que j’suis un homme nouveau, malgré toutes les conneries que j’ai fait dans ma vie, et que j’vais continué de faire. J’va… Fuck, j’deviens philosophique. Mauvais point, putain de mauvais point. Faut que j’me concentre sur autre chose. J’vais sortir me changer les idées, m’trouver des putains de belles filles, peut-être même emmerder Bianca, rien que pour le plaisir de la voir rager. Comment elle est sexy quand elle s’énerve, c’presque dangereux. J’marche dans la rue normalement, j’sais pas trop qui j’vais croisé. J’connais pas vraiment beaucoup d’monde, parce que c’fait pas super longtemps que j’suis là.

Après une journée merdique, j’me rends sur les différents territoires des fraternités. C’pas classe, j’veux pas directement rentré dans la mienne. J’sais qu’les mecs vont faire des conneries, et j’sais pas où mon coloc est passé non plus. Seeley, j’crois. Éternel rival, c’mec m’fait rire… Merde, j’suis pas là pour penser à lui. Faut que j’me concentre sur mon choix de fraternité à explorer avant de rentrer dans la mienne. Tri Pi Iota, ça m’semble bien, j’crois. Y’a que des filles, dans c’te fraternité, et si ça s’trouve, j’vais être chanceux et m’ramassé directement en face d’un top modèle… Fuck, j’y suis. J’vois personne à date. Y’a l’jardin, et les lumières de la cuisine sont fermées. L’est tard, trop tard, peut-être. Bah 23h, c’pas tard. M’enfin, j’fais pas vraiment de bruit, j’veux juste sortir de là le plus subtilement possible… Finalement, on dirait que j’vais pas m’en sortir sain et sauf, parce que fuck, y’a quelqu’un qu’a ouvert la porte de la cuisine… Quelle merde, j’vais m’faire viré pour voyeurisme, shit ! Finalement, la journée, ou la soirée, s’annonce pas si nulle que ça.

Ce matin j'me suis levée en pétard, parce que voilà, j'avais un rendez-vous avec Seeley pour ma voiture et ma tuyauterie personnelle, et voilà que son foutu patron m'appelle pour me dire que c'est annulé, qu'il pouvait pas me prendre car il avait du travail plus urgent. Ouais, c'est ça. Pour ma part, j'avais vraiment prévu m'envoyer en l'air, et faire des travaux, et probablement socialiser avec les dernières bizhuts. On avait un entraînement ce matin, avec les filles, et déjà y'en avait une ou deux qui parlaient qu'elles en pinçaient pour tel ou tel mec, tel ou tel joueur. J'crois avoir entendu une fille parler de Teagan Worcester, le meilleur ami, ou du moins son ancien meilleur ami, de mon frère. Accessoirement le type qui m'a enlevé ma virginité pour le dire proprement, et encore plus accessoirement la source de tous les problèmes de mon existance, parce que j'sais pertinamment que s'il avait voulu tenir un peu à moi, j'me serais pas sentie comme la dernière des filles faciles, et j'me serais probablement jamais mise à coucher avec n'importe qui. M'enfin, cette histoire date de super longtemps et j'ai changé maintenant, mais quand même, entendre son prénom, putain c'est étrange. Particulièrement quand je sais qu'il serait sans aucun doute très content de connaître l'identité de son admiratrice. Les mecs sont tous pareils. Veulent que des relations d'un soir. Pas que j'sois jalouse ou quoique ce soit, ou plutôt possessive, mais seulement que merde, quoi.

Après un après-midi à broyer du noir, j'me suis mise en tête d'aller faire un peu de kickboxing au gym. Les gens y croient pas vraiment quand je leur dis que je fais du kickboxing, mais moi j'trouve que ça défoule. Si j'ai envie de casser la gueule de quelqu'un, c'est sur mon punching bag que je me vange, et cet après-midi, le pauvre en a vraiment bavé. Pourtant, j'irai pas le plaindre parce que c'était pour une sacré bonne raison. J'déteste Seeley. J'déteste les autres cheers. Particulièrement celle qui aurait apparemment passé une soirée avec Teagan. Rien qu'à y penser, ça fait vachement bizarre. En fait, même si j'me fais pas d'illusions, ça me fait un peu mal de savoir que j'suis sans importance pour lui, et qu'il se fout probablement de savoir ce que je fais en ce moment et que j'pense à lui et tout ça. C'est trop compliqué de toute façon toute cette merde, et j'finis par rentrer, après tout un tas d'heures parce que j'avais envie d'une manucure et d'une pédicure, et d'une séance massage. En bref, mon après-midi qui devait durer jusqu'à seize heures s'est terminé à vingt-deux heures, mais au moins j'me sens plus super mal dans ma peau, à vrai dire j'me sens à nouveau calme et tout ça. C'est super bien. Surtout qu'en revenant, j'suis passée me chercher des sushis. Y'a eu erreur dans la commande, j'dois bien en avoir pour trois dans mon sac, mais dans un sens c'est pas grave, y'a toujours une fille pour venir vous piquer des trucs dans une fraternité. J'fais un saut dans ma chambre en arrivant et j'enlève mon jogging pour attrapper un mini-short de pyjama, et j'garde simplement un soutien-gorge en coton que j'utilise parfois pour dormir. J'vais dans la cuisine, me servir un verre du sakhé que j'ai acheté avec les sushis, et j'regarde dehors. C'est marrant, on dirait qu'il y a quelqu'un dehors. Surement un autre de ces nerds qui vient mater une fille des Tri Pi. J'm'en fiche un peu dans un sens, mais j'devine que d'autres filles aimeraient moins être à ma place, observées par un pervers.

De toute façon, alors que j'm'approche de la porte qui mène au jardin, j'suis choquée. Putain qu'est-ce qu'il fout là, lui?

- Teagan? Qu'est-ce que tu fiches dans le jardin?

J'me fiche d'être en soutien-gorge, moi aussi dans le jardin, et j'referme la porte tandis que j'oublie ma bouffe dans la cuisine. Pourtant j'ai vraiment faim, mais j'ai pas envie de voir Teagan s'éloigner comme ça sans donner d'explications. J'baisse un peu les yeux, avant d'croiser son regard. J'me pince les lèvres et j'soupire, avant de lui faire signe de me suivre, parce que bon, j'crois que ce serait bien quand même de discuter un peu comme au bon vieux temps. On rentre bientôt, et quand on y est finalement, j'lui montre les sushis que j'ai mis dans une assiette, et le sakhé.

- T'en veux? Ça fait un bail, quand même...