Bogdana Dietrov
|
 Sujet: Life is cruel. PRIVATE  Mar 29 Sep - 16:23 |
|
|
|
Woody Blanes & Bogdana Dietrov
Je regardais Woody arriver, l'allure nonchalante, comme d'habitude. J'étais assise à une table sous une arbre. J'étais venue là pour travailler, à l'origine. Et puis je m'étais vite prise à penser à autre chose. Les minutes, puis les heures, avaient passé. Je n'avais pas avancé dans mon travail. C'était à peine si j'avais entamé ma rédaction sur les peuples inuits. Quelques lignes gisaient, mortellement seules, sur l'écran de mon ordinateur. J'avais fini par l'éteindre découragée et j'avais attrapé mon cahier de notes, plus à l'aise avec le papier qu'avec l'informatique. J'avais recopié quelques passages intéressants des bouquins poussiérieux de la bibliothèque, noté des références, des idées. Rien de concret. Encore moins d'organisé. J'avais l'esprit bien trop dissipé que pour me mettre à travailler sur un sujet aussi pointu. Mischa m'avait rejointe. On faisait ce travail à deux. Mais il avait bien vite compris que je n'étais pas d'humeur. Il était parti de son côté, m'abandonnant à mes rêveries. Finalement, je n'avais pas pu résister. J'avais envoyé un message à Woody. Un stupide texto que me j'étais bien vite empressée de regretter. Meet me in the park after your classes. Miss U. xoxo Bog
C'était une très mauvaise idée. Je savais que j'allais ressortir de là avec un goût amer dans la bouche et l'impression d'être bonne à rien. C'était toujours l'image que Woody me donnait de moi. Je le détestais pour cela. Il ignorait certainement combien j'avais déjà du mal à m'assumer. A chaque fois qu'on se séparait, je devais recommencer à zéro, remonter dans mon estime, pour dégringoler de mon échelle lorsque je le revoyais. Je l'aimais et j'avais peur de cet attachement que je lui portais. Je ne ressortais jamais indemne d'une visite de Woody. Mais j'avais besoin, quelque part, de voir son visage et de l'ancrer dans mon esprit avant qu'il disparaisse pour de bon. En fait, j'avais surtout peur de la suite. De ce qui arriverait quand il ne serait plus là. Je n'arrivais pas à me sortir de la tête qu'il était malade et qu'il ne serait pas constamment à mes côtés. Alors je voulais le voir tout le temps. Trop souvent. Trop longtemps. Je savais que dès qu'il tournerait le dos, je me remettrais à pleurer face à l'injustice de la vie. Et que je m'endormirais les yeux gonflés de larmes. Mais je voulais le voir. Et il était là.
Je lui adressai un sourire. Ce petit sourire timide de la fille qui veut demander comment ça va, alors qu'elle sait que ça ne va pas. Je ne dis rien, c'était plus simple. Je lui trouvai bonne mine, mais encore une fois, je me tus. Depuis combien de temps ne l'avais-je pas vu? Trois, quatre, cinq jours? Trop longtemps pour mon coeur qui réclamait sa présence.
- Alors, cette journée?
Je ne savais jamais comment débuter une conversation avec lui. J'avais envie de lui parler de tas de choses, mais j'avais peur d'avoir l'air abrupte en commençant une discussion par un sujet sérieux. Alors je racontais des bêtises jusqu'à ce que, naturellement, on en revienne à notre sujet principal: sa maladie que je ne pouvais accepter. Il avait une cigarette en bouche. Je fronçai les sourcils.
- Tu ne devrais pas fumer.
|
|
